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atelier rue colas
22 janvier 2012

Une terre pour les EHS-SVP2

 

 

LE DOUBLE CRI, le Cros, 2009Photo et installation : Le DOUBLE CRI, le Cros, Loire, 2009.

 

Voilà, c'est fait.

 

J'ai mes papiers. Je suis en règle avec le monde normé. Un certificat du Professeur Belpomme, président de l'association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (ARTAC), cancérologue à l'hôpital européen Georges Pompidou, atteste que je suis « atteint d'un syndrome d'intolérance aux champs électromagnétiques », et il ajoute que « l'existence de cette hypersensibilité aux champs électromagnétiques nécessite impérativement la mise de ce malade à l'abri de toute source électromagnétique, même de faible intensité, sous peine d'atteinte à sa santé sous la forme d'une détérioration cérébrale sévère ».

 

Ca me fait une belle jambe...

« JE SUIS EHS, METTEZ-MOI A L'ABRI !!! »

T'entends ça Chantal ?! Bernadette, Anne, Elisabeth, vous entendez ?!!!

 

En traçant ma route vers Paris, je n'ai pas vraiment chercher les abris et me suis tout bonnement réfugié dans la limite des vitesses autorisées et quelques exercices respiratoires. Même pas mal...

Je me suis arrêté, j'ai marché pieds nus dans l'herbe, j'ai pesté. A Chateauroux, une escale à l'Escale, un steack tartare, une habitude de vingt ans qui vaut bien quelques sacrifices.

 

Arrivé dans l'Eure, tours et détours pour retrouver une maison où j'avais mes habitudes. Finalement je suis sauvé par une cabine téléphonique. Mon carnet, son numéro, mon amie vient me chercher. Même pas mal...

Pause déjeuner le lendemain chez Maman. A-t-elle tout débranché ? Non ! Virer le DECT, tolérer l'électricité. Je me sens mal pendant une heure. Avant de partir, ma bonne mère sort son portable de sa poche, « on fait tous des conneries... ». Un peu trop de garniture dans la « choucroute maison » !

 

Après 36 heures « sous l'ondée », je commence à comprendre les EHS de l'urbanité. Rendons grâce à la Polaramine et au protocole de Belpomme que j'essaie depuis 8 semaines sur les conseils de ma fée. Mêmes douleurs face aux antennes et aux éoliennes, mais je supporte bien l'électricité, et les vieux portables ; café dans un vieux bar où je peux griller un clope avec les habitués et activer mes radicaux libres. Même pas mal...

 PORTE FERMEE, le Cros 2009,Photo : PORTEMUR, Le Cros, Loire, 2009.

 

Paris. 7 heure du matin. Je me gare à proximité du périphérique, je note l'adresse : intersection de la rue Balard et de la rue de la montagne de la Fage. Avec un peu de chance je sortirai de Paris avant le rush.. Heureux d'être à la capitale ! Des dingues dans des tenues moulantes noires courent derrière un fil relié à un chien alors qu'un autre fil va de leurs oreilles à un objet noir qu'ils tiennent précieusement dans leur autre main. 3 heures avant mon rendez-vous chez Belpomme, je n'ai aucun spot où me poser. Taride en poche, je marche vers la rue de Grenelle. « J'suis vivant !!! ».

 

J'observe les ondes de la plus grande antenne de France. Un trophée en soi ! Même pas mal... Et redescends vers Vaugirard. Il est 8 heure trente environ. Rue de la Convention. Vertiges. Les choses se compliquent. Trop d'odeurs, de parfums agressifs, de portables perforants, trop de monde sur le marché, je choisis la rue pour éviter les coups, trop de voitures, retour sur le trottoir. Je longe les murs.

 

Rue Labrouste, j'ai plus d'une heure d'avance. Il aura une heure de retard. Retour sur le boulevard. A droite, un banc agréable face à la boulangerie. Plus loin au feu, un PMU tout aussi agréable où des vieux sans portable profitent de leur retraite. Je m'y colle dans un coin, café-gluten. Même pas mal... A l'heure dite, je me présente à la secrétaire du Professeur. Elle me propose d'attendre sous un néon entre son DECT et les truc-phones des ses collègues. Je lui indique rapidement que si elle me cherche je me trouve dehors...

 

Aucun abri à signaler dans les salles d'attente Belpomme-Awaîda-Lebar, mais ils nous soignent. Quelques abris précaires au feeling, au hasard. Naïvement, je pensais que les EHS parisiens ou les militants de Robin des Toits auraient répertorié, ouvert des lieux, des adresses dans le quinzième, où nos petits corps en souffrance pourraient se reposer, où nous pourrions nous rencontrer et échanger, solidaritéehs... Même pas mal...

 PORTENTROUVERTE, le Cros 2009Photo : PORTENTROUVERTE, Le Cros, Loire, 2009.


En me rendant à Sâou, l'automne dernier j'étais plein d'espoir. EHS, nous souffrons des mêmes maux, quelles que soient nos différences. Victimes d'un mal invisible pour les autres, et dont le remède implique une remise en question radicale de nos modes de vie contemporains. De nos modes de vie contemporains. De nos modes de vie contemporains.

 

Je suis retourné me mettre à l'abri en province, derrière des murs épais, au creux d'une colline. Ma chance est de n'être pas encore, comme d'autres le sont déjà, un EHS sans abri, sans domicile fixe, sans emploi, sans couverture sociale, sans indemnités, sans reconnaissance, sans revenus, sans proches, sans papiers.. Un EHS 100 sent sans sang !!!

 

Sur la route, j'ai noté dans mon carnet les quelques endroits où je pourrais me poser, la prochaine fois... A l'abri peut-être...

 

 

 

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